La première fois que nous sommes arrivés au Congo-Brazzaville, nous étions loin de nous douter que nous allions rentrer pleinement dans le conte.
Là-bas, aucune sphère de la société n’échappe à l’enchantement et à la magie. Des femmes délaissées recourant aux philtres d’amour, aux équipes de football sur-vitaminées par les sortilèges, jusque dans les hautes instances de la politique, c’est le pays tout entier qui palpite entre un monde visible et un autre invisible.
Cette omniprésence du merveilleux nous a immédiatement captivés. Sans doute parce que chez nous en Europe, il a été oublié depuis longtemps. Mais aussi parce qu’en tant que cinéastes, cela relevait d’un désir presque impossible : comment filmer l’invisible ?
De longues périodes d’immersion au sein de la population nous ont permis d’affiner notre sensibilité jusqu’à pouvoir capter les manifestations soudaines du surnaturel. Ainsi, devant notre caméra, un homme est réapparu hagard une semaine après son enterrement, une femme foudroyée a décidé de porter plainte au tribunal de la sorcellerie, des sirènes incarnées sous forme humaine nous ont révélé certains secrets des mondes aquatiques …
Souvent qualifié de superstition moyenâgeuse ou de vaste délire collectif, cet univers magique nous est apparu au contraire comme une source intarissable de créativité et de vie. Sujet incontournable pour comprendre l’Afrique d’aujourd’hui et penser celle de demain, Expédition Invisible pénètre au cœur des mythes modernes où la réalité dépasse parfois la fiction.
Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav